Pénurie de jouets : les lutins du Père Noël sous pression !

Jeanne Martorello

Pénurie de jouets : les lutins du Père Noël sous pression !

Pénurie de jouets : les lutins du Père Noël sous pression !

Jeanne Martorello

Alors que les fêtes approchent à grand pas, une question revient souvent : y aura-t’il des cadeaux sous le sapin cette année ? Sachant que plus de 75% des jouets sont fabriqués en Chine, et connaissant les difficultés auxquelles le pays doit faire face en cette période de crise sanitaire, l’inquiétude se fait sentir chez les français. Serait-ce le moment de parier sur la proximité, et commencer à relocaliser la fabrication en France ?

Si l’atelier du Père Noël a pour tradition d’être situé en Laponie, il n’est plus à démontrer que c’est pourtant en Chine que se passe le véritable travail. C’est en effet dans les années 1990 que la Chine a commencé à devenir l’usine du monde, attirant les entreprises internationales par son incroyable marché. Aujourd’hui, et malgré l’impact de la crise sanitaire, elle reste le premier exportateur mondial de jouets : en 2020, elle a exporté environ 33,5 milliards de dollars en jouets, chiffres qui devraient encore augmenter d’ici la fin 2021 (selon l’Association des jouets et des produits pour enfants de Chine).

 

Des commerçants préoccupés

L’inquiétude commence à se faire ressentir chez les professionnels du jouets. A quelques semaines de Noël, on entend de plus en plus parler d’une possible pénurie de jouets cette année. A qui la faute ? Le Covid. Entre la pénurie des matières premières (composants électroniques, bois, plastique, etc.) et les embouteillages au départ des ports dus au manque de conteneurs et à leur hausse de prix, les livraisons en provenance d’Asie prennent du retard.

 

En effet, en tout juste un an, le prix des conteneurs a été multiplié par dix. A la fin des premiers confinements, et après que les usines se soient arrêtées brusquement en Asie, le traffic maritime mondial a été mis à mal. Les portes-conteneurs sont restés bloqués en cale, tandis que les conteneurs étaient disséminés un peu partout dans le monde. Cette grande désorganisation de la logistique mondiale a causé du tord à l’industrie du jouet. Si aujourd’hui il y a une reprise globale de la demande, l’offre au niveau des transports n’arrive pas à suivre, et le prix du carburant a explosé. Avant le Covid, un conteneur de 40 pieds coûtait 3 000 dollars (environs 2 555 euros), alors qu’aujourd’hui, le prix a grimpé jusqu’à 19 000 dollars.

 

 

Pour en savoir plus :

 

 

 

Nous avons rencontré Cécile, gérante de Dans Ma Cabane, petite boutique spécialisée dans l’univers des enfants dans le centre-ville de Montauban. Chaque année, la période de Noël représente environs 35% de son chiffre d’affaire, et face à cette forte demande, elle doit anticiper les commandes auprès de ses fournisseurs dès le mois de juillet. A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles ! Bien qu’elle s’y soit prise plus tôt cette fois-ci, il semblerait que plusieurs produits manqueront à l’appel durant les fêtes.

 

« Presque tous les jours je reçois des mails de mes fournisseurs me prévenant de délai de livraison rallongés »

 

Sans surprise, ce sont les jouets fabriqués en Asie qui sont concernés par ces retards à la chaîne (quand ce ne sont pas des ruptures de stock). Les cartons arrivent au compte goutte depuis le début du mois, ce qui peut mettre la commerçante dans l’embarras face à certaines situations : « dans l’ensemble, les clients sont assez compréhensifs, ils se doutent que les problèmes dus aux retards de livraisons chez certains de mes fournisseurs ne sont pas de mon fait. En général, quand il y a une commande bien spécifique sur un produit, je prend les coordonnées du client, en l’informant de la date prévue de livraison. En cas de retard ou de mise à jour du statut de la palette, j’essaye de toujours l’informer, et lui choisi ou non de garder le produit mis de côté. Mais je préfère ne pas trop m’avancer, et être totalement transparente avec eux. Je ne voudrais pas être la cause du chagrin d’un enfant le matin au pied du sapin parce que le Père Noël ne lui a pas apporté sa maison de poupées ».

Le retour du « Made in France » ?

 

En France, le marché du jouet s’adapte aux envies de choix de consommation plus éthique et respectueuse de l’environnement. Désormais, les marques françaises représentent environs 15% du marché du jouet français, c’est presque 2% de plus qu’en 2020. 

1 jouet en bois sur quatre est fabriqué en France

De nombreuses marques font aujourd’hui le pari de fabriquer en France ou en Europe. C’est le cas par exemple de la marque Lunii, qui a rapatrié la fabrication de sa Fabrique à Histoires de Chine pour Bayonne. 

La Fabrique à Histoire est devenue un incontournable de la hotte du Père Noël ces dernières années. Il s’agit d’une petite radio turquoise, qui permet aux enfants d’écouter plus d’une centaine d’heures de contenu audio, tout en leur permettant de choisir leurs héros, un lieu ainsi qu’un objet pour créer une histoire unique. Tout cela sans écran ni ondes. 

 

Si au début elle était fabriquée en Chine, et plus particulièrement à Shenzhen, 2020 marque un retour au pays. La décision de relocaliser en France est prise en 2018. Ainsi, pendant presque deux ans Lunii et l’usine BMS Circuits, entreprise bayonnaise, vont repenser entièrement la fabrication du produit pour réussir à ne pas augmenter le prix tout en gardant un tarif économiquement acceptable pour l’entreprise. 

 

La décision de rapprocher la production des consommateurs s’est faite pour plusieurs raisons, notamment à cause de l’augmentation des couts de transports et des délais qui ne cessent de rallonger, de mauvaise coordination avec les équipes situées à distance, ainsi que les problèmes de qualité et leur impact sur la réputation de la marque. Mais aussi pour proposer un produit plus soucieux des enjeux sociaux actuels, un produit plus éthique, à moindre impact écologique et portant le symbole du « made in France ».

Ainsi, le contexte actuel épidémique à révéler une réelle envie pour les industriels français à sauter le pas pour surfer sur la vague du « made in France » en faisant le choix de la relocalisation. Dans son plan de relance, l’Etat a débloqué 600 millions d’euros afin de les aider à réaliser ce projet, qui devraient permettre la création de 1 800 emplois directs et le maintien de plus de 4 000 emplois industriels en France. 

 

 

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