Portrait couleurs café de Marie Bordet, artiste de la génération Z

Élise Pouchelet

Portrait couleurs café de Marie Bordet, artiste de la génération Z

Portrait couleurs café de Marie Bordet, artiste de la génération Z

Élise Pouchelet
9 janvier 2022

Elle est à l’image de la peinture au café : un esprit corsé associé à un nuancier d’émotions. Cette jeune portraitiste bourguignonne captive les regards par un art aussi traditionnel qu’original et dépeint ses passions sur la toile depuis 2015 dans un parfum de créativité inattendu. Elle nous a accueilli dans son univers pour retracer son expérience empreint de milles couleurs.

 

Une année 2020 riche en création pour la portraitiste – 31/12/2020 © Marie Bordet

Un après-midi d’Octobre, dans un coin de campagne de Saône-et-Loire, Marie Bordet s’affaire. Elle nous reçoit dans la chaleur de sa maison familiale, au cœur du village de Cronat. À peine passé la porte d’entrée, les effluves de café nous guident jusqu’à sa chambre d’adolescente où un portrait de famille en cours de réalisation trône sur le bureau. Au milieu des piles de livres et de dessins, nous observons cette pièce, son antre d’artiste, là où tout a commencé.

Dès l’âge de 15 ans, la portraitiste façonne son art en véritable autodidacte. Si ses premiers dessins au crayon de papier s’avèrent élémentaires, elle parfait sa technique au fil des années pour donner vie à ses idées. Sa curiosité la pousse entre autres à expérimenter de nouvelles méthodes et à multiplier les formats de réalisation. Portraits à l’aquarelle, croquis d’architecture, marques-page au café… « J’aime avoir des sensations différentes sur le papier » explique-t-elle en étalant certaines de ses esquisses sur son lit. Cette effervescence de projets toujours plus inventifs émane d’influences plurielles, recueillies notamment sur Internet. Comme une extension d’elle-même, cet outil est un indispensable du travail de Marie Bordet, tout comme pour la majorité des représentants de la Génération Z.

 

Feed Instagram de Marie Bordet

Une artiste connectée

Née en 1999, la dessinatrice s’ancre dans cette « Gen Z » apparue à la fin du siècle dernier et qui succède aux Millenials des années 1980-1990. Contemporaine de Google et des réseaux sociaux numériques, elle fait partie des artistes digital native pour qui Internet est une formidable vitrine artistique. Ces espaces digitaux lui ouvrent en effet la porte sur un nombre illimité de sources d’inspiration.

Dans la vie quotidienne, Instagram apparaît comme sa plateforme de prédilection pour ses recherches : « plusieurs pages d’artistes sur ce réseau ont orienté mes choix techniques et alimentent mes sujets ou atmosphères ». Les actualités culturelles sur le web et la Pop culture enrichissent également l’imaginaire de Marie Bordet, son « mood board pinterest intérieur » comme elle l’appelle.

La plupart de ses portraits trouvent ainsi leur origine dans des livres, films, séries, chansons ou spectacles de stand-up. Dernièrement, la série Netflix Julie and the Phantoms a largement eu les faveurs de l’artiste qui s’est réapproprié cet univers pour en ressortir des affiches exclusives. Sous ces multiples influences, Marie Bordet zappe d’un projet à l’autre, d’une commande d’un client à une création personnelle, dans le pur esprit d’Internet et de la recherche de nouveauté.

Premier tweet de la série de dessins sur Julie and the Phantoms de Marie Bordet – 5/10/2020 © Marie Bordet

 

L’application Instagram représente aussi pour la portraitiste un fantastique outil de diffusion, contribuant au passage à booster sa visibilité. « C’est ma galerie virtuelle, un peu mon gagne-pain » ironise-t-elle le sourire aux lèvres. Comme la plupart des dessinateurs ou des photographes, Marie Bordet considère la plateforme comme le moyen le plus simple pour se faire connaître tout en gardant le contrôle sur ses œuvres, Instagram ne permettant pas d’enregistrer les images à l’insu des artistes. Selon elle, sans ce réseau social, sa notoriété serait bien moindre et elle ne pourrait probablement pas vivre de sa passion. Par ce biais, elle réussit à mettre en valeur ses créations sans avoir besoin de s’engager autant qu’avec une galerie d’art classique.

« Sur Instagram, personne ne peut te prendre ton espace d’expression. Pour un.e artiste, c’est essentiel »

Cet outil simplifie de la même façon la création d’une communauté de followers et de clients potentiels. Marie Bordet connaît parfaitement l’importance de ces groupes sur les RSN puisque celle des fans de la série Julie and the Phantoms lui a permis de passer de 2000 à plus de 5000 abonnés en l’espace de quelques semaines en 2020. Ce moment phare de sa toute jeune carrière a sonné dans le même temps son passage à l’international. Depuis lors, elle communique sur l’application à la fois en français et en anglais et diversifie ses formats afin de plaire à son public composé en majorité d’adolescents et de jeunes adultes.

Malgré cet engouement pour la plateforme numérique, la portraitiste reste consciente des limites de celle-ci : « le plantage d’Instagram en Octobre 2021 m’a vraiment fait peur. Sans ça je n’ai plus de métier ! ». Elle aspire alors à développer son activité autrement, en passant par son site Internet, sa boutique en ligne, le bouche-à-oreille et des expositions plus classiques, comme il y a peu lors de marchés de Noël.

⇒ Retrouvez les œuvres de Marie Bordet aussi sur sa page Facebook !

Storymap des lieux d’inspiration de Marie Bordet – Décembre 2021 © Élise Pouchelet

Une aventure artistique singulière

Ses ambitions et l’exportation de ses œuvres à l’autre bout du monde n’empêchent pas Marie Bordet de rester attachée à sa réalité. Si la plupart des artistes vivent en ville pour être au plus près du marché de l’art et des publics, la jeune portraitiste demeure une fervente adoratrice de sa campagne natale. Élevée au milieu des fermes et des champs, il lui paraît impensable de créer dans un espace urbain sans se sentir étouffer.

Cet amour de la nature peut sembler paradoxal face à son appétence pour le numérique. Pourtant, ce caractère ambivalent est emblématique de la Génération Z qui recherche avant tout le partage d’idée et l’accès aux informations au même titre que l’authenticité et l’éthique.

D’ailleurs, Marie Bordet s’applique à réaliser un travail de portraitiste plutôt traditionnel. Ne tentez pas de lui parler de dessin numérique ! Son crédo reste le papier blanc et le crayon de papier, qu’elle agrémente ensuite de couleurs via l’aquarelle ou le crayon de couleur. Elle plébiscite de cette manière les techniques classiques de peintre-dessinateur mais aussi les matières premières artisanales. En témoigne ses portraits esquissés en édition limitée sur du papier fabriqué au moulin Richard de Bas, en Auvergne. Cette activité manuelle permet à l’artiste de conserver un équilibre entre l’instantanéité de l’univers digital et le temps long de la création.

 

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Une publication partagée par Marie Bordet – Dessin (@mariexdrawings)


Post Instagram de la première aquarelle de Marie Bordet réalisée sur papier artisanal – « The saxophonist » – 23/12/2020 © Marie Bordet

 

La portraitiste complète sa singularité par son utilisation de la peinture au café. Marie Bordet propose des dessins sur mesure, peints avec une technique encore peu exploitée. Elle travaille cette matière depuis l’été 2018 après l’avoir découverte sur Instagram et Youtube. Celle-ci est aussi originale pour l’artiste que pour les spectateurs de l’œuvre. Il s’agit d’un matériau très vivant, qui réagit à la température comme à la lumière, changeant d’aspect en fonction de l’atmosphère où il est utilisé. Lorsqu’il est déposé, le café offre une aura très vintage et une touche intemporelle à un portrait contemporain.

Ce style surprend encore les visionneurs car peu d’artistes le développent complètement. La plupart se contente de dessins rapides destinés aux réseaux sociaux numériques, sans recherche artistique profonde. D’autres proposent de vraies performances comme Rouge Hong Yi, une Malaisienne qui utilise la tasse de café en substitut du classique pinceau. Marie Bordet, pour sa part, réalise des portraits qui durent dans le temps et joue sur les tonalités d’ombre et de lumière. Par ce travail, elle captive les représentants de la génération Z en perpétuelle recherche d’originalité.

Interview de Marie Bordet sur son art – Décembre 2021 © Élise Pouchelet

Engagée dans la diversité

Elle-même membre de la Gen Z, Marie Bordet est marquée par l’affirmation de ses convictions. Si la majorité de ses œuvres sont plutôt neutres, ne font pas débat, quelques dessins ressortent de la masse par le message qu’ils véhiculent. Citons par exemple le portrait de l’acteur transgenre Jonas Ben Ahmed pour le Pride Month 2018 ou le dessin politique incriminant les présidents Trump et Bolsonaro face aux incendies en Amazonie en 2019. La portraitiste expose d’ailleurs plus volontiers son soutien pour la sauvegarde de l’environnement en réalisant en octobre 2021 une affiche pour une campagne de défense de tortues marines pour l’association Mare Nostrum.

Présentation du dessin Mare Nostrum par Marie Bordet – 15/10/2021 © Marie Bordet

Protection animale, genre, lutte contre le racisme, féminisme : toutes ces causes résonnent chez Marie Bordet qui peine toutefois à exprimer de manière plus régulière et affirmée ses engagements. Comme elle nous le confie, « placer son opinion dans une œuvre est une étape, surtout lorsque l’on a besoin de se comprendre artistiquement en amont ». Malgré tout, elle souhaite à l’avenir exprimer davantage ce qu’elle défend, au travers de sujets d’actualité comme d’œuvres culturelles réappropriées.

 

Pour cela, elle envisage d’élargir son panel de techniques et de formats de réalisation déjà conséquent. Outre le classique crayon de papier ou l’originale peinture au café, Marie Bordet propose déjà des créations au crayon de couleur, à l’aquarelle, voire au stylo bille, avec parfois une touche de feuille d’or. Selon les désirs de ses commanditaires, un même dessin peut donc être produit avec plusieurs procédés et offrir une diversité de tons. Dans un futur proche, la dessinatrice souhaite s’atteler à la peinture à l’huile et au dessin pastel, diversifiant encore davantage son champ technique.

En terme de format, en dehors du portrait, l’artiste représente des animaux, des monuments architecturaux, des paysages ou crée des affiches et des marques-page uniques. Toutes ces œuvres peuvent être démultipliées au travers de reproductions en papier (qu’elle appelle « print ») ou de produits dérivés comme des tee-shirt. Cet éventail de création offre une base solide à la jeune entreprise de Marie Bordet.

⇒ Les plus beaux dessins de Marie Bordet en produits dérivés sur sa boutique

Portrait d’Audrey Hepburn à l’aquarelle – Juxtapose – Décembre 2021 © Marie Bordet/Élise Pouchelet

Le début d’une histoire

Si ses débuts artistiques ont commencé en 2014, ce n’est qu’en septembre 2021 que Marie Bordet a véritablement lancé son activité d’artiste professionnelle à temps plein. Ce changement de vie demande beaucoup d’investissements et le dessin n’est en réalité qu’une petite partie de son métier. Gestion de projet, communication, comptabilité : en tant qu’auto-entrepreneuse, la portraitiste se doit de tout prendre en compte pour satisfaire ses clients. Malgré la difficulté de cette aventure sans filet où le futur reste incertain, elle peut compter sur le soutien sans faille de sa communauté qui ne cesse de célébrer son talent sur la toile. Elle n’hésite d’ailleurs plus à les questionner sur leurs envies de dessin au travers de sondages en story Instagram. Elle espère d’autre part étoffer ce groupe d’abonnés en proposant de nouveaux projets.

Sans dévoiler toute sa programmation, nous pouvons dire que Marie Bordet souhaite continuer les commandes de dessin pour les particuliers tout en développant des opérations surprenantes. Pour ces dernières, il s’agit de créer de nouvelles affiches de films ou de séries, de travailler pour des associations et de multiplier les collaborations avec d’autres artistes, que ce soit dans le monde de la musique ou du livre. La nouvelle année donne aussi l’occasion à Marie Bordet d’agrémenter sa ligne éditoriale. Dans ce contexte, elle désire accentuer l’atmosphère hors du temps de son univers au travers du dessin au café. Pour cela, elle ambitionne de mêler dessin et Histoire et de se tourner vers des compositions plus automnales et naturelles.

La portraitiste s’ouvre ainsi à tous les univers pour ses prochaines commandes. Les anniversaires comme les grandes manifestations sont l’occasion d’offrir ce genre de cadeau unique. Des présents mémorables. La trace d’un souvenir, sous le trait du pinceau.

⇒ Pour faire le meilleur choix de portrait, cliquez ici ! Site web et galerie numérique de Marie Bordet

 

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Reels Instagram récapitulant la riche année 2021 de Marie Bordet – 29/12/2021 © Marie Bordet